Apparition de la vie sur terre
Le fait de trouver des traces de vie sur le plus ancien système terrestre accessible que l’on connaisse peut laisser penser que la vie était déjà bien présente sur les continents de l’époque et même peut-être avant.
Il n’est en effet pas improbable que les microbes aient déjà vécu avant sur terre mais il est compliqué de le prouver :
“Nos connaissances sont très limitées car il n’y a pratiquement que deux sites préservés sur Terre, la ceinture de roches vertes de Barberton (Afrique du Sud) et le craton de Pilbara (Australie), qui datent de 3,22 milliards d’années” conclut Martin Homann.
“Avant notre découverte, le plus ancien fossile terrestre connu datait de 2,7 milliards d’années, explique Stefan Lalonde, chercheur à l’Institut Universitaire Européen de la Mer (IUEM) de Brest et co-auteur de l’étude. Il s’agissait des stromatolithes (des structures laminaires constituées de bactéries et de sédiments, NDLR) trouvés à l’ouest de l’Australie dans un milieu aquatique-terrestre.”
Les tapis microbiens que son équipe vient de mettre au jour vivaient il y a 3,22 milliards d’années, soit plus de 500 millions d’années plus tôt… un sacré saut dans le temps !
Les fossiles microbiens ont été trouvés dans la région de Barberton en Afrique du sud, plus précisément sur le “Groupe de Moodies”, la plus haute des trois unités stratigraphiques constituant la “ceinture de roche verte”.
Cet affleurement rocheux est “le plus ancien gisement alluvial-fluviatile préservé au monde” peut-on lire dans l’étude parue dans Nature Geoscience. “On peut le dater grâce au contexte sédimentaire” explique Stefan Lalonde. Les tapis microbiens ont été trouvés dans ce qui serait un ancien lit de rivière.
Les micro-organismes se développaient ainsi à la surface de roches humides. “Nous savons que les tapis microbiens avaient besoin d’eau mais ce que l’on ignore encore, c’est la quantité d’eau qui coulait sur ces pierres : étaient-elles immergées en permanence ou très épisodiquement, mystère.”
Les traces laissées par les microbes ne ressemblent pas à l’image qu’on se fait des fossiles.
“Les tapis forment des couches noires compactes de matière organique de quelques millimètres d’épaisseur”, précise Stefan Lalonde. La structure générale de la roche dans laquelle ont été retrouvées ces communautés microbiennes ressemble à des lasagnes : “Il y a une couche de microbes, puis une couche de sédiments, une couche de microbes et ainsi de suite.
Ça peut s’étaler sur des centaines de mètres et mesurer plusieurs kilomètres d’épaisseur”, s’exclame le chercheur.
D’après Martin Homann, chercheur à l’IUEM et auteur principal de l’étude, ces dépôts sédimentaires avaient déjà été décrits dans la littérature comme ayant effectué une transition de la terre à la mer mais leurs tapis microbiens fossilisés n’avaient jamais été reconnus.